La commémoration du 20ème anniversaire de grand massacre des prisonniers politiques et d’opinion dans les prisons iraniennes

La commémoration du 20ème anniversaire de grand massacre des prisonniers politiques et d’opinion dans les prisons iraniennes.

 

 pour informer l’opinion publique en particulier celle de non iranienne, nous expliquons l’histoire et les raisons de ce massacre accompli par le régime de la République islamique d’Iran car nous pensons qu’il y a beaucoup de non dits. Cette année le 20ème anniversaire de ce grand massacre des prisonniers politiques dans les prisons iraniennes nous donne cette opportunité.

 

L’été 1988 des prisonniers politiques qui n’ont pas reconnu la légitimité du Régime de la République Islamique Sont passés à un grand massacre, ceux ou celles qui faisaient partis de moudjahiddines, de la gauche, des communistes, démocrates et révolutionnaires.

 

Ce massacre était organisé par une commission nommée « commission de la Mort ». A 2 mois d’intervalle, des milliers de ces prissoniers politiques sont exécutés, sous la fatwa de l’Ayatollah Khomeiny en personne et la planification de ses hommes d’état d’époque. Quelques mois après, les affaires personnelles des prisonniers politiques déjà exécutés étaient confiés à leurs familles en leur annonçant l’exécution de leur enfants mais sans aucune précision sur l’endroit où ils étaient enterrés.

 

Le cimetière « des damnés » nommé par le régime de la R.I. dans lequel les prisonniers politiques exécutés dans les années 80 était témoin d’une grande découverte par les parents de défunts. La pluie avait fait surgir à la surface certains membres de ces corps. Dans un automne grisâtre de la même année de ce crime, l’existence des fosses communes était divulguée.

 

Qui sont ces prisonniers politiques massacrés par le régime ?

 

Toutes les femmes et les hommes exécutés cet été 1988 prouvent l’illégitimité d’un régime qui est « monté sur les ailes de la révolution »de ce peuple. Un peuple qui n’avait comme objectif que liberté, égalité et justice sociale. Parmi ce peuple il y en avait qui pensait à l’internationalisme à l’échelle mondial. Un grand nombre d’entre eux étaient fidèles à leur conviction tellement que le régime les appelait « position ferme : en dépit des années emprisonnement et de tortures moyenâgeuses, ils sont restés fidèles à leur position politique, conviction et idée. Ces derniers jouaient un rôle important dans le renversement du régime du shah, mais étaient à nouveaux emprisonnés par le nouveau régime au pouvoir.

 

Un grand nombre de femmes faisait parti de ces prisonniers politiques, un événement sans précédant dans l’histoire d’Iran et du monde. Ces femmes avaient entamé une lutte et une résistance contre un régime qui avait bâti son existence sur la répression de celles-ci. Les lois Inspirées par les convictions et valeurs moyenâgeuses, à l’appui du Coran et de la charia. Le régime de la République Islamique instaurait ses lois contre les femmes afin de les réprimer et de les « reclouer au foyer ». Dans ces circonstances les femmes, consciemment, ne se sont pas soumises devant un tel régime. En prison certaines d’entre elles préféraient subir leurs rations de flagellation que faire les prières quotidiennes obligatoires. Il y’ en avait des jeunes filles qui étaient violées avant l’exécution pour que les réactionnaires islamiques soient sûr qu’elles n’iraient pas au paradis. En effet, selon les décrets islamiques une fille vierge ira directement au paradis.

Pourquoi ces prisonniers politiques étaient massacrés en prison ?

Selon les documents publiés par les dirigeants du régime, nous avons appris, toujours selon ces documents, qu’ils étaient contraints à résoudre deux problèmes primordiaux avant la mort de l’Ayatollah KHOMEINY et désigner son successeur en tant que guide suprême de la Révolution :

 

1.                           la guerre contre l’Irak

 

2.                            les prisonniers politiques en prison.

D’une part une population qui avait subi toutes les conséquences de 8 années de guerre : destruction de leur foyer, pauvreté, terreur et répression etc.…était favorable à toute sorte de protestations sociales. D’autre part l’existence des prisonniers politiques pourrait provoquer les mécontentements au sein de la société. Ces deux facteurs suffisaient à mettre en danger la stabilité politique du gouvernement islamique. Par ailleurs, la stabilité politique au sein même de la société avait une importance essentielle pour assurer l’entrée des capitaux étrangers dans un pays qui venait de sortir de guerre. L’instauration de cette sécurité était l’une des raisons du massacre des prisonniers politiques.

 

La lutte et la résistance des prisonniers politiques en prison retentissaient dans la société par leur famille et réciproquement. La méthode appliquée par le régime théocrate n’était pas seulement la punition mais aussi de les désorienter dans leur conviction politique et idéologique. Pour ce faire, tous les moyens étaient autorisés : la torture morale et physique pour qu’ils se convertissent activement à l’islam. Ils devaient prouver leur conviction en interrogeant, torturant leurs camarades emprisonnés et si nécessaire en les achevant avec la dernière balle. Certains choisissaient de se repentir (qui doit être traité dans un autre article) . L’existence de milliers prisonniers politiques était symbolique d’un régime qui a dérobé la révolution à la population Iranienne : un peuple qui ne voulait pas se soumettre à un gouvernement religieux et théocrate après avoir connu la nature de ce régime.

 

Cette non soumission coûtait cher pour un gouvernement qui avait comme objectif d’exporter sa révolution islamique dans les autres pays musulmans du monde et d’acquérir une meilleure autorité par rapport au shah dans la région. 

 

Pour quelle raison ce crime est resté dissimulé de l’opinion publique mondiale ?

 

Qui étaient le ou les commanditaires et les exécuteurs de ce massacre ?

 

Ce massacre était commandité sous l’ordre direct de l’Ayatollah Khomeiny. Le document de sa fatwa est publié dans le livre de mémoires de l’Ayatollah Montazeri, candidat à la succession de Khomeiny.

 

Nous avons déjà énuméré les 2 problèmes primordiaux que lé régime devait résoudre avant la mort de Khomeiny : la guerre et les prisonniers politiques. La guerre est achevée par l’acceptation de la résolution de l’O.N.U. Mais la question des prisonniers politiques allait prendre une ampleur importante. Finalement résolue par l’ordre de Khomeiny, les prisons devaient être purgées. Les hommes d’état de l’époque se sont réunis afin d’exécuter les ordres. L’ayatollah Khamenei, le guide suprême religieux actuel, ainsi que Rafsandjani, le président de l’assemblé de l’époque, l’ex- Président de la République Islamique Khatami qui faisait parti du gouvernement.   Une commission était désignée. Cette dernière était composée de représentants de la force juridique, le bureau du procureur de la République et le ministère des informations. Cette commission était nommée « la commission de la mort ». Cette commission interrogeait et jugeait chaque prisonnier, en leur posant des questions précises. Cet interrogatoire ne durait que quelques minutes. Selon le jugement de cette commission les prisonniers, étaient condamnés

Soit en tant qu’aposta

Soit comme belligérant contre Dieu.

 

Dans les deux cas la sentence était l’exécution. Depuis l’avènement du régime de la R.I. les lois légiférées et décrétées par ce dernier sont inspirées par la charia et le coran qui peut être la base justificative de ce massacre. L’exécution de milliers d’opposants de toute tendance politique a été utilisée pour la domination d’une société contestatrice.

 

Pour mettre fin à toute sorte de pensées opposantes au régime, ils estimaient que ce massacre pourrait « anéantir « les idées des prisonniers politiques et leur enthousiasme pour un nouveau monde. Par cette utopie aveugle, le régime envisageait une société sans mémoire ni pour ce massacre, ni pour la génération présente et future.

 

Malheureusement, l’Amnistie Internationale et la ligue de droits de l’homme n’ont pas réussi à donner un rapport complet de ce massacre. Probablement cette négligence est due à l’idéologie de gauche des prisonniers politiques déjà exécutés.

 

Le grand silence des pays impérialistes était révélateur d’un soutien dissimulé des objectifs du régime. Il s’agit de l’instauration d’une stabilité politique afin de mieux attirer et conserver leurs capitaux. A peine la guerre de 8 ans terminée, par l’intermédiaire du fonds monétaire internationale et de la banque mondiale, les capitaux occidentaux se sont rués en Iran. Tous ces pays occidentaux qui ont gardé le silence devant un tel crime, En tant qu’observateurs ils sont complices de ce crime.

 

20 ans passés nous parlons de ce massacre, pourquoi ?

 

Nous en parlons toujours pour informer ceux qui ne sont pas encore au courant de ce massacre, pour qu’ils puissent prendre position devant un tel crime.

 

Depuis l’été 1988 les familles des prisonniers politiques n’ont pas arrêtées de se battre contre le régime par leur présence constante dans les cimetières. Chaque année elles se sont affrontées devant les différentes forces de l’ordre qui n’ont qu’un devoir : les attaquer, les combattre et si nécessaire les arrêter. Les familles ont décidé de transformer la mémoire de ce massacre en une mémoire collective, voire mondiale et par ce biais montrer à l’opinion publique que le régime continue toujours les arrestations et le massacre des prisonniers politiques. Depuis son avènement, ce régime n’a, même pas un jour, déroger à ses principes : l’arrestation l’emprisonnement et la répression, car il ne peut gouverner sans ses principes.

 

Après 20 ans de ce massacre, nous suivons le slogan des familles de prisonniers politiques et la population, qui les considère comme ses propres enfants, oui, ce slogan de nous ne l’oublions pas et ne pardonnons jamais.

 

Ni oubli ni pardon,

 

Car nous suivons les idées de ces prisonniers politiques et nous nous battons pour établir un nouveau monde, construit sur la ruine de l’ancienne société.

 

Nous n’oublions pas car l’ampleur de ce massacre doit être incrusté dans la mémoire commune de la société pour rendre service à la postérité.

 

Nous ne l’oublierons jamais pour une simple raison : nous ne sommes pas à la recherche de la reconstruction ni de réforme d’un régime qui a versé autant de sang, d’exécution et de répression.

 

Nous ne pardonnons pas, car, le fait de pardonner des criminels est en réalité les encourager dans leurs actes.

 

Nous ne pardonnons pas car notre pardon entraîne la déception chez les familles des prisonniers politiques qui luttent pendant toutes ces années pour que les responsables de ce crime soient jugés. 

 

Il ne faut pas oublier que toute évolution et changement en Iran est lié à ce massacre aussi bien dans le domaine politique que idéologique, économique et judiciaire. Ce massacre est le condensé des actes militaires d’un régime qui a bâti son système social sur l’idéologie religieuse : Islam. La moitié de la société, les femmes, sont devenues l’esclave d’un système social réactionnaire. Ses opposants en particulier les forces séculaires et communistes ont été mis à mort sous le nom d’athée ou apostat et le régime prétend que toutes ces lois font partie de la croyance du peuple iranien.

 

Ce massacre et toutes les lois selon lesquelles les crimes sont justifiés montrent encore une fois la place de la religion dans le système de la R.I., utilisé comme l’instrument gouvernemental de la répression. Ce massacre nous prouve qu’il faut séparer la religion et l’état. Nous sommes face à un régime qu’il ne faut laisser la moindre chance de réconciliation. Il est évident que nous ne cherchons pas la vengeance, notre objectif est de connaître tous les aspects de cet horrible événement.

 

La demande de juger les commanditaires et les exécutants de ce massacre est une grande partie de notre slogan : ni oubli ni pardon. 

 

Aujourd’hui en Iran une partie de la classe dirigeante qui se donne le nom de démocrate et réformiste est intervenue afin de lancer un nouveau slogan : « nous ne l’oublions pas mais nous pardonnons ». En réalité, ces dirigeants cherchent à préserver la totalité du régime toute en diminuant la responsabilité de ce grand massacre en l’attribuant à quelques individus mal intentionnés. Tout cela pour justifier le régime de la République islamique face à ce massacre. La plupart d’entre eux croient toujours en toutes ces lois islamiques selon lesquelles le massacre des années 80 et de l’été 88 a eu lieu.

 

L’objectif de ce slogan est d’éclaircir la signification du crime dans une société où les crimes sont des parties intégrantes du système. Tant que la société laisse ce dernier dilemme, elle ne pourra pas assurer l’évolution et la progression des exigences démocratiques et donc de la liberté.

 

Le massacre des prisonniers politiques par le régime de la R.I depuis son arrivée au pouvoir ne doit être classé, sous le prétexte d’appartenir au passé. Ce massacre accompli il y’a 20 ans concerne aussi bien le passé que l’avenir, aussi bien les générations actuelles que les futures.

 

Aujourd’hui, les révolutionnaires et les forces progressistes concrétisent un mouvement autour de la dénonciation de ce grand massacre au niveau national et international. Ce mouvement pourrait être aussi bien au service du peuple Iranien que les autres pays du monde dans lesquels la répression règne.

 

Ce mouvement doit servir à tous les pays du monde pour que ce genre de crime ne se répète nulle part. Tant que la lutte des classes existe, torture, prison, pendaison sommaire, exécution existeront encore. Nous sommes dans un monde où les femmes et les hommes sont contraints à se battre face à ce genre de crimes et de demander que justice soit rendue.

 

A ce jour, le peuple iranien est sous la pression de deux systèmes réactionnaires : le régime de la république islamique et les pays impérialistes, ne souhaitant pas choisir l’un des deux ne désire même pas que ces crimes soient le sujet de leur commerce dissimulé.  

 

Nous nous adressons à vous, notre interlocuteur. vous êtes informés de ce grand crime,

 

Chacun d’entre nous peut être utile, en informant son entourage. Notre sensibilité à l’égard de toute injustice, tout crime, tout massacre, incite notre réaction, évoque notre façon d’agir, peu importe l’endroit, le pays, la ville où il se passe. Informons, agissons, prenons conscience de notre responsabilité pour que le monde soit un endroit pour vivre et non pour survivre.

 

 

L’organisation des femmes du 8 mars (IRAN-AFGHANISTAN)

 

PARIS le 11/10/2008